« AFRIC LINKS 2025 » - L’Afrique confrontée à l’urgence de ses défis d’intégration économique

Dimanche 21 Décembre 2025

Le Forum Afric Links 2025 a vécu à Casablanca. Plus d’une centaine de décideurs et diplomates, d’économistes et de financiers, d’experts du numérique et de l’intelligence artificielle, de journalistes, etc. ont échangé sur les voies et moyens de booster les économies africaines par des stratégies d’intégration de ses démembrements, en particulier ceux du privé. L’objectif est de mieux faire face aux inquiétudes et incertitudes d’une compétition mondiale impitoyable à tous les niveaux. Dakar a été désignée pour abriter Afric Links 2026 « dans l’esprit de la Vision Sénégal 2050 et de l’ouverture panafricaine. »


L'ambassadrice du Senegal au Maroc entre le fondateur de KSG (g.) et le président de la Chambre de commerce, d'industrie et de services de Casablanca, le 19 décembre 2025 à Casablanca

En présidant l’édition 2025 du Forum « AFRIC LINKS » consacré à la diplomatie économique inter-africaine, Seynabou Dial, ambassadrice du Sénégal au Maroc, a appelé à une « conscience de nos opportunités » face aux « incertitudes et inquiétudes » qui encadrent notre époque. « Notre zone géographique doit être un moteur de coopération économique » à partir duquel le role des Etats devrait tendre à « à élaborer des stratégies qui entrent en cohérence » entre elles.  

Le Forum Afric Links 2025, organisé en partenariat entre le sénégalais Kalimo Consulting Group (KCG) et la Chambre de commerce, d’industrie et de services (CCIS) de Casablanca-Settat, s’est tenu vendredi 19 décembre 2025 dans la capitale économique du royaume chérifien, « Hub financier africain et passerelle B to B Maroc-Afrique ». A cet égard, la cheffe de mission diplomatique sénégalaise et d’autres figures présentes au rendez-vous ont tous mis en exergue l’urgence panafricaine tirée des propos du roi Mohamed 6 : « L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique. » 

Pour Seynabou Dial, « le développement n’est pas un slogan politique », en particulier à un moment où « de nouveaux modèles de partenariat sont à inventer » pour mieux vendre l’attractivité des territoires africains. Sur le continent africains - comme dans le reste du monde - « les chantiers en gestation et les attentes des populations » sont tels qu’ils  alertent « sur notre capacité à faire face aux exigences de la compétition économique mondiale » sans la synergie et les atouts que procurent les grands ensembles économiques. 

 

« Nous sommes ici pour agir ensemble, pour transformer les potentialités immenses de notre continent en réalités économiques tangibles », a réagi Alassane Sakho, président-directeur général de KCG. Si Afric Links tient tant à l’émergence d’espaces de convergence « entre la Vision Sénégal 2050, les visions stratégiques de nos pays frères (…) et l’agenda 2063 de l’Union africaine », c’est en fin de compte pour asséner un constat sur lequel tous les experts du développement sont tombés d’accord : « aucune vision nationale ne peut réussir durablement sans une Afrique économiquement intégrée », a souligné monsieur Sakho.

 

L’un des instruments potentiels de cette connexion des visions africaines du développement durable est la Zone de libre-échange continentale africaine. En phase opérationnelle depuis janvier 2021, la ZLECAF peine à prendre son envol à cause de problèmes structurels comme la persistance des égoïsmes nationaux, le protectionnisme des Etats, la faiblesse des échanges entre pays, le caractère extraverti des rapports économiques avec le reste du monde, etc. A ce jour, si les 54 Etats de l’Union africaine ont signé les textes fondateurs de la ZLECAF, 47 les ont ratifiés, un nombre qui a rendu possible son entrée en vigueur au plan institutionnel. 
 

Pourtant, « si la ZLECAF est pleinement mise en oeuvre par l’ensemble des Etats africains, elle pourrait accroître le revenu total du continent de plus de 450 milliards de dollars d’ici 2035 », a souligné Alassane Sakho. A ce titre, c’est la pauvreté extrême qui serait « significativement réduite » et des millions d’emplois qui seraient créés aux quatre coins de l’Afrique, a ajouté le PDG de Kalimo Consulting Group.

 

Si la faiblesse des échanges intra-africains reste un obstacle à l’intégration économique sur le continent, ils ont quand même atteint le chiffre non négligeable de 208 milliards de dollars pour l’année 2024. 

 

« Cela démontre que l’Afrique est capable de commercer avec elle-même et de bâtir ses propres chaines de valeur », a ajouté Alassane Sakho. D’où la nécessité pour Afric Links d’« être une plateforme d’action et de diplomatie économique complémentaire aux initiatives étatiques et institutionnelles. » Sous cet angle, le choix porté sur Casablanca pour abriter la 2e édition d’Africa Links se justifie car « le Maroc s’est affirmé comme un hub stratégique continental, une interface majeure entre l’Afrique et le reste du monde. »

 

Outre le Sénégal et le Maroc, des pays comme le Cameroun et le Libéria ont répondu présents au rendez-vous d’Afric Links à Casablanca par l’entremise de leurs représentants diplomatiques et de leur secteur privé, pour certains. A leurs cotés, une kyrielle d’entreprises privées multinationales venues des secteurs financier et numérique ont également pris part à l’événement. L’objectif a été clarifié par Alassane Sakho :

 

« nous voulons mettre en relation des entreprises, favoriser des partenariats industriels et financiers concrets, promouvoir des projets structurants à forte valeur ajoutée et assurer un suivi rigoureux et durable des engagements post-forum. »

Le Forum Afric Links, « héritage né sous les couleurs de l’unité africaine » depuis son lancement en marge de la Coupe d’Afrique des nations 2023 en Cote d’Ivoire, se tiendra en 2026 à Dakar, « dans l’esprit de la Vision Sénégal 2050 et de l’ouverture panafricaine », a annoncé le fondateur de KSG. Il sera précédé par le lancement d’un film documentaire de 52 minutes sur « l’histoire d’une amitié exceptionnelle fondatrice et durable entre le Sénégal et le Maroc. »

 
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